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Comprendre et gérer l'éco-anxiété : les clés pour la vivre sereinement

L'éco-anxiété : un terme qui s'est démocratisé à mesure que les manifestations du changement climatique se font plus fortes et plus récurrentes. L'inquiétude née des dommages causés à l'environnement par l'activité humaine et, plus généralement, des conséquences du dérèglement climatique sur l'avenir de la planète, ne cesse de s'accroître parmi la population. Plus qu'à une inquiétude, l'éco-anxiété se réfère à une véritable angoisse devant la menace climatique.

 

Ce concept n'est pas nouveau, la chercheuse belgo-canadienne Véronique Lapaige l'ayant introduit pour la première fois dès 1997. Toutefois, il n'a jamais été autant d'actualité, et ne fera qu'imprégner un peu plus les sociétés dans les années à venir. Pour autant, l'éco-anxiété n'est pas considérée comme un syndrome et ne fait pas l'objet d'un diagnostic psychiatrique, comme le rappellent le psychiatre Antoine Pelissolo et l’interne en psychiatrie Célie Massini dans leur ouvrage "Les Émotions du dérèglement climatique" (Flammarion, 2021). 

 

Que recouvre exactement l'éco-anxiété ? Qui touche-t-elle plus particulièrement ? Comment y faire face ? Rise Up vous éclaire sur ce sujet et dévoile une action menée avec l'entreprise Carbone 4 pour aider les individus à maîtriser leurs émotions face au dérèglement climatique.

 

Rise Up et Carbone 4 un parcours de sensibilisation au dérèglement climatique en e-learning

 

Qu'est-ce que l'éco-anxiété ou anxiété écologique ?

 

L'éco-anxiété : naissance d'un concept avec Véronique Lapaige

 

Éco-anxiété (ou écoanxiété) : un mot forgé par Véronique Lapaige il y a plus de 25 ans, alors que les enjeux environnementaux occupaient encore une place mineure dans l'actualité (sans en être absents toutefois). Cette chercheuse en santé publique a donc contracté les mots "écologie" (défini comme la "science ayant pour objet les relations des êtres vivants avec leur environnement ainsi qu’avec les autres êtres vivants") et "anxiété" (qui désigne un "état de trouble psychique causé par la crainte d'un danger"). Véronique Lapaige précise que l'éco-anxiété ne fait pas partie "du registre de la santé mentale" et ne relève pas "du pathologique". Pour elle, le terme renvoie à "un mal-être".

 

Par ailleurs, le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), qui fait figure de référence dans la classification des troubles mentaux, ne mentionne pas l'éco-anxiété. 

 

Une femme est allongée dans une pièce remplie de plante

 

Éco-anxiété : une définition difficile à trouver

 

Depuis la naissance du concept, aucune définition ne fait consensus. La dernière version du DSM : "DSM-5, manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux", ne définit pas l'éco-anxiété. Certains professeurs et institutions ont délivré leur propre formulation. Par exemple, l’American Psychological Association (APA) définit l'éco-anxiété comme la "peur chronique d’une catastrophe environnementale".

 

Toutefois, le terme est entré dans les dictionnaires. Ainsi, Le Robert définit l'éco-anxiété comme une "anxiété provoquée par les menaces environnementales qui pèsent sur notre planète". Le Larousse est un peu plus précis et évoque "une forme d'anxiété liée à un sentiment d'impuissance face aux problématiques environnementales contemporaines (dérèglement climatique, destruction des écosystèmes, multiplication des catastrophes naturelles, etc.)".

 

De manière générale, la notion d'éco-anxiété fait référence à une prise de conscience douloureuse sur ce qu'il pourrait advenir de l'humanité dans un futur plus ou moins proche. Il s'agit donc d'une anxiété d'anticipation (peur face à un désastre climatique annoncé) voire, selon certains médecins, d'un stress pré-traumatique.

 

On trouve également les termes "dépression verte" ou encore "climato-dépression" comme synonymes de l'éco-anxiété. Des mots qui reviennent dans l'actualité, comme "effondrement", "extinction", "catastrophe", réactivent en effet chez certains une angoisse profonde de mort et de fin du monde. L'éco-anxiété renvoie dans ce cas à la collapsologie, définie comme une "théorie de l’effondrement global et systémique de la civilisation industrielle, considéré comme inéluctable à plus ou moins brève échéance, et des alternatives qui pourraient lui succéder." 

 

La signification du concept par Alice Desbiolles, dans le livre "L'éco-anxiété, vivre sereinement dans un monde abîmé" 

 

Le médecin épidémiologiste Alice Desbiolles revient sur le caractère anticipatif de ce type d'anxiété dans son ouvrage "L'éco-anxiété, vivre sereinement dans un monde abîmé" (Fayard, 2020). Elle précise ainsi que cet état "reflète […] l’inquiétude anticipatoire que peuvent provoquer les différents scenarii établis par des scientifiques – comme ceux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – sur la viabilité de la planète dans les décennies à venir". 

 

Les déclencheurs de l'éco-anxiété

 

Les déclencheurs de l'éco-anxiété sont de deux ordres : un stress direct et un stress indirect. Dans le premier champ, on retrouve les traumatismes liés à une expérience vécue : une inondation, un incendie ou une tempête qui a causé des dommages directs à son lieu de vie ou à la ville dans laquelle on habite par exemple. Les effets du changement climatique se sont alors manifestés concrètement et font naître une angoisse quant aux potentiels événements futurs en lien avec la dégradation de la planète. Le stress indirect, de son côté, fait référence à une anxiété née des informations reçues sur le thème du dérèglement climatique : articles de presse, études, vidéos montrant les ravages de catastrophes naturelles... Cet afflux d'éléments inquiétants crée un climat anxiogène douloureusement vécu, qui peut s'accentuer lors d'un événement personnel, par exemple la naissance d'un enfant.

 

L'éco-anxiété : un synonyme de la solastalgie ?

 

Solastalgie : un terme que l'on retrouve souvent au côté de l'éco-anxiété, jusqu'à confondre parfois les deux concepts. Les deux notions ont, il est vrai, des points communs. Elles font toutes deux référence à : 

 

  • Un état de souffrance, de détresse psychique ou existentielle, qui n'est toutefois pas une maladie mentale ni un trouble.
  • Un malaise né de changements environnementaux. 

La solastalgie se distingue cependant de l'éco-anxiété sur deux éléments :

  • Elle trouve son fondement dans le passé et renvoie en cela à une nostalgie.
  • Si le changement climatique est très souvent en cause dans la solastalgie, ce n'est pas toujours le cas. Ainsi, le fait d'assister à une gentrification de son quartier par exemple, peut faire naître un sentiment de mélancolie, parce qu'on ne reconnaît plus l'endroit où l'on a grandi ou fondé une famille.

 

De là, nous pouvons définir plus précisément la solastalgie, qui trouve son origine dans les mots latins "solacium" (confort, réconfort) et "algie" (nostalgie). Pour l’American Psychological Association, il s'agit de l'"l'expérience vécue d'un changement d'environnement domestique perçu négativement". Alice Desbiolles parle de son côté de "deuil d’un monde que l’on a connu et qui est en train de disparaître".

 

C'est bien de cela dont il est question lorsque le philosophe et chercheur australien Glenn Albrecht forge le concept de solastalgie dans les années 2000, après avoir observé une vague de déprime emporter les habitants de la Hunter Valley. Ces derniers avaient assisté, impuissants, à la pollution massive et à la transformation du paysage consécutives au développement de l'industrie minière dans cette région.

 

Le philosophe français Baptiste Morizot a lui ces mots pour décrire la solastalgie : un “mal du pays sans exil”.

 

Qui est touché par l'éco-anxiété ?

 

Le mouvement On est prêt et l'Observatoire de l'éco-anxiété (OBSECA) ont mené une étude en mai 2023 révélant que 75% des Français sont éco-conscients (c'est-à-dire concernés par les enjeux environnementaux). 20% d'entre eux sont éco-inquiets et 5% éco-anxieux. En 2018, un sondage réalisé aux États-Unis avait montré que 92% des Américains étaient inquiets concernant le futur de notre planète. Parmi eux, environ les deux tiers déclaraient prendre des mesures pour réduire leur consommation d'énergie et d'eau.

 

Rappelons toutefois qu'il n'existe pas de définition officielle de l'éco-anxiété, ce qui rend plus difficile l'établissement de statistiques en la matière. Il reste vrai que toutes les tendances vont dans le même sens : l'éco-anxiété progresse dans nos sociétés. Un phénomène qui a conduit un groupe de psychiatres américains à créer la Climate Psychiatry Alliance, dont le rôle est de "sensibiliser la profession et le public aux risques urgents de la crise climatique et aux impacts profonds sur la santé mentale et le bien-être". 

 

L'éco-dépression a-t-elle un impact plus conséquent chez les jeunes ?

 

Les études semblent montrer que les jeunes, en première ligne des changements environnementaux à venir, sont particulièrement touchés par l'éco-anxiété.

 

Selon une enquête parue dans The Lancet Planetary Health en septembre 2021 (Young People's Voices on Climate Anxiety, Government Betrayal and Moral Injury: A Global Phenomenon), 84% des 16 - 25 ans sont inquiets face au phénomène du changement climatique ; 59% d'entre eux se disent très inquiets et plus de la moitié déclarent être en colère, coupables ou impuissants. La militante suédoise Greta Thunberg est l'une des figures de proue de cette jeunesse préoccupée et engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ses mots prononcés en 2019 devant l'ONU : "Vous avez volé mes rêves et mon enfance", sont restés dans les mémoires. 

 

L'étude américaine de 2018 citée précédemment met également en avant l'impact du changement climatique sur l'état d'esprit des jeunes générations. Ainsi, 72% des 18-34 ans indiquaient que regarder, écouter ou lire des actualités négatives sur l'environnement dans les médias et sur les réseaux sociaux avaient parfois un impact sur leur bien-être émotionnel (anxiété, problèmes de sommeil, sentiment de malaise...). 

 

Une jeune femme consulte une psychologue pour lui faire part de son éco-anxiété

 

Que faire contre l'angoisse climatique : comment gérer l'éco-anxiété ?

 

Comment se manifeste l'éco-anxiété : quels en sont les symptômes ?

 

On retrouve dans l'éco-anxiété, en parfaite cohérence avec le terme lui-même, une série de symptômes du champ des troubles anxieux, qu'énumèrent Antoine Pelissolo et Célie Massini : attaques de panique, angoisse, insomnies, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires (anorexie, hyperphagie), émotions négatives (peur, tristesse, désespoir, frustration, colère, paralysie).

 

Un sentiment d'impuissance et d'écrasement touche souvent les individus éco-anxieux. Ce qui conduit à des difficultés à ressentir de la joie et à atteindre un état de bien-être. Tristesse et stress viennent perturber la vie quotidienne des personnes éco-anxieuses, causant, entre autres, des troubles du sommeil, des maux de tête, de la spasmophilie ou encore des troubles digestifs.

 

En conséquence, l'éco-anxiété nuit à la qualité de vie et affecte potentiellement les relations sociales (difficulté à aller vers les autres). 

 

Comment soigner et lutter contre l'éco-anxiété ?

 

Se tourner vers l'extérieur

La pédopsychiatre et sociologue Laelia Benoit, chercheuse au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP) de l’Inserm, rappelle que "l’éco-anxiété n’est pas une maladie et [qu'] il n’existe aucun traitement." Dès lors, la solution ne peut être selon elle que sociale : "C’est une problématique sociale à laquelle il faut apporter une réponse sociale. Il faut alerter et changer la société indifférente et passive face au grave sujet qu’est le changement climatique". La chercheuse apporte ici une première solution sur la manière de réagir face à son éco-anxiété : la transformer en moteur d'actions.

 

Il s'agit ici d'une réponse tournée vers l'extérieur. On part de son problème pour trouver une action qui va avoir un impact au-delà de sa sphère intime : s'engager en politique, s'engager dans l'action directe (activisme), œuvrer au sein d'une association ou encore participer à des manifestations et à des actions collectives (projets écologiques, sensibilisation autour de la préservation de l'environnement, ramassage de déchets...). Les initiatives de ce type aident à rompre le sentiment d'impuissance et de solitude face au réchauffement de la planète et constituent une réponse face à l'inaction perçue des gouvernements.

 

Engager un travail sur soi

Il existe une seconde réponse à l'éco-anxiété : le travail intérieur. Considérée par certains comme le nouveau "mal du siècle", l'éco-anxiété fait l'objet d'un nombre croissant de consultations auprès de psychothérapeutes et de psychologues. Travailler sur les émotions nées de l'éco-anxiété s'avère de fait essentiel pour les apprivoiser, donc pour mieux les vivre au quotidien. 

 

La psychothérapeute Charline Schmerber, dans son "Petit guide de (sur)vie pour éco‑anxieux" (Éditions Philippe Rey, 2022), donne plusieurs pistes :

 

  • Tout d'abord, il convient de partager ses émotions négatives, son ressenti, ses angoisses. Cela conduit à la fois à se libérer d'un poids et à prendre conscience de ce qui ne va pas. C'est sur cette base qu'il sera possible de trouver une solution et de s'engager dans une voie plus sereine. 
  • Éviter de se "flageller" en s'enfermant dans un sentiment de culpabilité. Il faut tenter de dépasser cette opinion que l'on a de soi-même en échangeant la culpabilité contre la responsabilité : nous avons tous un rôle à jouer dans la préservation de l'environnement.
  • Entreprendre des actions au quotidien sur une thématique qui fait sens et sur laquelle on peut agir directement, comme la pollution numérique ou la gestion des déchets.

 

Il existe une troisième voie pour aider les individus atteints d'éco-anxiété à mieux vivre leurs troubles anxieux : la formation. Exemple avec la collaboration entre Rise Up et Carbone 4, société de conseil spécialisée dans les enjeux climat et énergie. 

 

Mieux gérer son éco-anxiété grâce à la formation : la collaboration entre Rise Up et la Carbone 4 Académie 

 

Les entreprises Rise Up et la Carbone 4 Académie se sont associées pour proposer une offre inédite : un parcours 100% e-learning centré sur la gestion des éco-émotions, accessible à prix libre, ciblant à la fois le grand public, les professionnels et les étudiants. Ainsi, le parcours s'ouvre au plus grand nombre. Les donations sont intégralement destinées à l'amélioration continue du dispositif.

 

Le parcours, intitulé "éco-émotions, éco-anxiété : mieux comprendre ses émotions pour libérer sa puissance d'action", vise à une meilleure compréhension et à une meilleure expression des émotions en lien avec le changement climatique. Objectif : libérer l'individu de ses peurs et susciter en lui l'envie d'agir.

 

Cette parcours de 5 heures s'effectue en distanciel et en autonomie. Grâce aux différentes modalités pédagogiques offertes par la plateforme Rise Up, la Carbone 4 Académie a pu construire un parcours e-learning attrayant, mixant les modalités pédagogiques afin de susciter un engagement maximum des participants. Les formats vidéo, audio, texte et quiz constituent les piliers du dispositif. Le développement du contenu a de son côté été réalisé en partenariat avec l'experte des éco-émotions Charline Schmerber, dont nous avons évoqué le travail précédemment. 

 

Rise Up et Carbone 4 un parcours de sensibilisation au dérèglement climatique en e-learning