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Le marché de la formation : comment faire face aux nouveaux enjeux ?
Le marché de la formation professionnelle en France est à la fois en croissance et en pleine transformation. Selon le baromètre 2022 de la formation et de l’emploi piloté par Centre Inffo, 41 % des salariés estiment que leur métier évolue très vite… et leurs compétences doivent suivre ! De plus, ils sont plus d’un tiers à penser changer d’emploi d’ici 2 ans. In fine, la formation professionnelle est perçue à la fois comme un tremplin pour grandir au sein d’une organisation, renforcer et élargir ses compétences, mais aussi pour réussir une reconversion professionnelle.
Dans cet article, Rise Up vous livre une analyse du marché de la formation, ses perspectives d’avenir et ses tendances. Des tendances que les entreprises ont l’obligation de prendre en compte si elles veulent continuer à accompagner efficacement leurs collaborateurs dans leur progression.
Le marché de la formation professionnelle en France
Le marché de la formation professionnelle en France est porté par une forte demande, de la part des entreprises mais aussi de leurs salariés.
Le baromètre 2022 de Centre Inffo révèle que 9 actifs sur 10 voient dans la formation une opportunité d’améliorer leurs pratiques professionnelles, mais aussi un atout pour faire évoluer leur carrière ainsi qu’une occasion de prendre du recul sur leur quotidien. Ils sont également 85 % à estimer que la formation est nécessaire pour conserver leur employabilité. Par ailleurs, près de la moitié des actifs ont prévu de se former dans l’année. Autre donnée intéressante, montrant l’engagement croissant de l’apprenant lui-même dans sa démarche de formation : 80 % des actifs jugent que c’est à chacun d’être responsable de son parcours de formation professionnelle (ils n’étaient que 64 % à répondre dans ce sens il y a 2 ans), tout en relevant le nécessaire rôle de l’employeur.
Il n’est donc pas surprenant que le marché de la formation représente pas moins de 33 milliards d’euros (étude Ludalab). Près de 40 % du chiffre d’affaires du secteur est généré par les 90 000 organismes dispensant des formations.
L’analyse du marché de la formation montre son impact à plusieurs niveaux :
- performance et compétitivité des entreprises. Des collaborateurs bien formés, en phase avec l’évolution de leur métier et disposant de perspectives d’avenir sont plus productifs et efficaces ;
- accès à l’emploi. Une étude de la Dares montre que les demandeurs d’emploi qui ont suivi une formation ont plus de chances de retrouver un poste. La probabilité d’être embauché dans les 12 mois suivant une formation est ainsi supérieure de 5,7 points à celle des demandeurs d’emplois non formés ;
- maintien de l’employabilité ;
- adaptation à un marché du travail évolutif (nouvelles organisations et formes de travail, métiers qui émergent, d’autres connaissant une transformation rapide, etc.).
Les formations professionnelles plébiscitées en France
La dynamique du marché de la formation repose sur quatre domaines d’apprentissage largement plébiscités par les actifs :
- l’informatique (développement web, programmation, utilisation des outils numériques, gestion de bases de données…) ;
- les langues étrangères, en particulier l’anglais et, dans une moindre mesure, l'allemand et l'italien ;
- le management, notamment la gestion de projet, les méthodes agiles et les nouvelles technologies comme nouveau support du manager ;
- le médical et le paramédical.
Quel est l’avenir du marché de la formation ?
Quel futur se dessine pour le marché de la formation professionnelle en France ? Tout d’abord, on note une montée en puissance d’acteurs spécialisés dans la formation numérique, qui ne sont pas forcément issus du monde “classique” de la formation professionnelle, mais plutôt de celui de la tech.
Ces nouveaux entrants amènent avec eux une autre évolution : les clients deviennent les apprenants eux-mêmes. Agiles, flexibles, ces sociétés tournées vers l’e-learning et le digital learning ont élargi la cible en vendant leurs formations directement au grand public. En d’autres termes, le marché BtoC est en plein essor. Ce dernier est également dynamisé par le CPF (Compte personnel de formation).
Selon le rapport d’information publié par la Commission des Affaires Sociales du Sénat, le CPF a permis de financer plus de 2 millions de formations en 2021, contre 517 000 en 2019. Un succès incontestable.
Précisons que ce constat et ces perspectives portent d’autres changements sur le marché de la formation : les apprentissages devront s’appuyer sur l’innovation pédagogique pour convaincre, un vrai challenge pour les organismes de formation historiques, désormais confrontés à des concurrents en pointe au niveau des technologies employées.
Les LMS et LXP devraient donc continuer à optimiser leurs fonctionnalités pour maximiser l’engagement apprenant. C’est d’ailleurs une préoccupation constante de Rise Up, qui s’attache à mettre à disposition une plateforme de formation innovante et évolutive, et offre un accompagnement soutenu pour rester au plus près des besoins de ses clients.
En parallèle, on assiste à une forte augmentation de l’alternance, qui devrait poursuivre son expansion dans les années à venir. Les chiffres viennent encore une fois étayer cette affirmation : entre 2018 et 2021, le nombre de contrats d’apprentissage a enregistré une hausse de 128 % (732 000 contre 321 000).
Quelles sont les tendances de la formation professionnelle ?
Avant tout, il convient de souligner, une fois de plus, l’importance que la formation professionnelle revêt à l’heure actuelle chez les salariés. Le baromètre de Centre Inffo révèle que près de 90 % d’entre eux voient la formation comme une opportunité de mieux faire son métier, d’éviter la lassitude mais aussi d’évoluer et d’accéder plus facilement à des promotions.
Le marché de la formation professionnelle doit donc répondre à des attentes fortes de la part des collaborateurs. Pour s’y adapter, il n’a d’autre choix que de suivre l’évolution des pratiques en termes d’apprentissage mais aussi de développer des thématiques devenues cruciales au sein des organisations.
En d’autres termes, le domaine de la formation connaît un bouleversement majeur, avec deux tendances de fond qui se dégagent. L’une porte sur les modalités pédagogiques (formation en distanciel, apprentissage social et mobile), l’autre sur les compétences clés ciblées (compétences digitales et leadership notamment). Voyons cela en détail…
La montée du marché de la formation en ligne
E-learning et digital learning s’érigent en fers de lance du marché de la formation en ligne. Ils s’appuient sur la puissance des technologies digitales, en constante évolution. Les possibilités sont immenses, et nous en verrons quelques-unes un peu plus loin : classes virtuelles, créations de contenus immersifs grâce à la réalité virtuelle, mobile learning, gamification, apprentissage social via les outils collaboratifs…
Les dispositifs digitaux cumulent bien des avantages :
- gain de temps grâce à l’automatisation d’une partie des tâches administratives et à la disparition de missions chronophages liées à l’organisation des sessions en présentiel ;
- suppression de coûts importants (location de salles, frais de déplacement, de restauration et d’hébergement) ;
- meilleure adaptation aux contraintes des apprenants, qui ont plus de liberté pour choisir le moment et le lieu où ils se forment.
L’importance des neurosciences
Les neurosciences ont fait leur entrée dans la formation professionnelle. Elles constituent d’ailleurs un champ d’exploration très prometteur car elles ouvrent la voie à une individualisation poussée de la formation.
Les neurosciences ont pour but d’étudier le processus de la connaissance et, plus généralement, le fonctionnement du système nerveux. Appliquée à la formation, cette discipline permet d’adapter l’enseignement au profil cognitif de l’apprenant (à son niveau de compréhension par exemple). Elle constitue l’un des piliers de l’adaptive learning, dont l’objet est la personnalisation des parcours de formation.
Le marché de la formation intègre désormais pleinement cette dimension, car un dispositif individualisé aboutit inévitablement à de meilleurs résultats.
La formation professionnelle axée sur le digital
Compétence incontournable pour un nombre croissant (pour ne pas dire la quasi-totalité !) des salariés : la maîtrise des outils numériques. La plupart des métiers intègrent désormais un volet digital. Boom du travail à distance, développement de l’intelligence artificielle, digitalisation des marchés : les évolutions du monde du travail vont vers toujours plus de numérique.
En conséquence, le marché de la formation professionnelle accorde une place majeur à l’apprentissage des outils digitaux : plateformes de communication, suites collaboratives, CRM, outils de stockage en ligne ou encore outils de gestion de projets.
Ajoutons que ces formations ne sont pas réservées aux salariés novices sur cette thématique. Les technologies digitales évoluant rapidement, il est nécessaire que tous les professionnels mettent régulièrement à jour leurs pratiques.
L’intérêt croissant pour les compétences en leadership
Indissociable des compétences des managers, le leadership s’arroge une place de plus en plus grande dans la formation professionnelle. Cette capacité à mener, influencer et fédérer des équipes est hautement valorisée par l’entreprise. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle donne une impulsion essentielle à la motivation, à la cohésion de groupe donc aux résultats individuels et collectifs.
En clair, la présence de leaders est gage de meilleures performances. À ce titre, les managers occupent une position clé au sein de l’organisation puisqu’ils jouent le rôle d’intermédiaires entre la direction et les collaborateurs.
Les jeunes employés comme les salariés expérimentés sont donc amenés à développer leurs compétences en leadership. Le marché de la formation s’adapte à cette demande en proposant une pluralité de modes d’apprentissage, comme le coaching et le mentorat (nous parlerons plus en détail du mentorat en fin d’article).
L’apprentissage social
Le marché de la formation s’adapte également à une autre demande, qui touche cette fois les méthodes pédagogiques : il s’agit de l’apprentissage social, ou social learning. Les individus n’apprennent plus seuls mais en réseau, la diffusion des savoirs n’a plus lieu verticalement mais horizontalement. Le partage et l’échange de connaissances, d’expertises et d’expériences sont au cœur de cette nouvelle façon d’apprendre. Le formateur a bien sûr toujours son rôle mais l’axe beaucoup plus sur l’interactivité. Le but est de favoriser la collaboration entre collaborateurs afin de déboucher sur un véritable apprentissage entre pairs.
La formation professionnelle s’enrichit ainsi de nouvelles pratiques, qui peuvent aussi bien être mises en application en ligne, grâce aux outils collaboratifs, que lors de séances en présentiel.
La gamification
L’un des enjeux de la formation : la rendre attractive, du début à la fin. Les entreprises et organismes adaptent de ce fait leur offre de formation, en y intégrant un aspect beaucoup plus ludique.
Comment dynamiser l’ensemble d’un parcours de formation, booster l’engagement de l’apprenant à intervalles réguliers, avant que sa motivation ne retombe ? En ajoutant de la gamification. L’apprentissage est toujours là, mais sous un format ludique. C’est aux États-Unis qu’est né l’”Edutainment”, auquel se convertissent de nombreuses structures aujourd’hui en France.
La gamification se matérialise par des récompenses à glaner tout au long du parcours, par du storytelling, qui permet à l’apprenant de plonger dans une histoire, ou encore par des compétitions entre apprenants.
Le mobile learning
Impossible à l’heure actuelle de faire l’impasse sur le mobile learning ! Le marché de la formation s’y est converti pour répondre aux usages. Apprendre depuis son smartphone : une méthode désormais naturelle pour nombre de collaborateurs. Via les applications mobiles dédiées, il est désormais possible d’accéder à ses ressources d’apprentissage hors connexion, donc depuis n’importe quel lieu, et à n’importe quel moment.
La digitalisation de la formation professionnelle, dont nous avons parlé précédemment, ne peut qu’accentuer ce phénomène. Les organismes de formation développent d’ailleurs des contenus spécialement conçus pour ce type d'apprentissage, connus sous le nom de “micro-learning”. Il s’agit de formats très courts, consultables aisément sur petit écran, qu’ils soient audio, vidéo ou textuels.
Le mentorat
La transmission du savoir en entreprise peut s’appuyer également sur le mentorat. S’il est surtout utilisé lors de l’onboarding RH, ce mode d’apprentissage revêt tout autant d’intérêt dans le cadre de la formation professionnelle. Il peut également s’agir d’un mentorat inversé, qui prend la forme d’un co-apprentissage.
Dans la version classique du mentoring, une relation interpersonnelle est nouée entre deux collaborateurs, l’un plus expérimenté que l’autre. L’échange, le soutien et la transmission définissent les liens entre le mentor et le mentoré. S’ajoute depuis quelques années le reverse mentoring, ou mentorat inversé. Chacun est tour à tour mentor et apprenant car chacun dispose de compétences propres, utiles à l’autre.
Par exemple, un jeune peu expérimenté à son poste apprendra d’un collaborateur plus ancien, qui lui bénéficiera d'expertises provenant de son collègue, par exemple en matière de technologies digitales. Mentorat et mentorat inversé renvoient à l’apprentissage social que nous évoquions précédemment.
En conclusion, il semble clair que le marché de la formation professionnelle se trouve à un tournant. Les entreprises doivent absolument négocier ce virage avec habileté pour rester attractives et performantes.