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Le marché de la formation 2023 : quels nouveaux enjeux pour 2024 ?

Le marché de la formation professionnelle en France est à la fois en croissance et en pleine transformation. Selon le baromètre 2024 de la formation et de l'emploi de Centre Inffo, 41 % des salariés estiment que leur métier évolue très vite… et leurs compétences doivent suivre ! Près de 20 % des actifs pensent qu'ils exerceront un métier différent d'ici 5 ans, alors que près de la moitié d'entre eux s'attendent à devoir exercer leur métier d'une manière nouvelle dans les prochaines années. À leurs yeux, les mutations qui impacteront à très court terme le marché du travail sont principalement de trois ordres : transition écologique, transition digitale et transition énergétique. Au total, ce sont 90 % des actifs qui estiment nécessaire de se former au cours de leur vie professionnelle pour répondre aux défis d'un monde du travail en pleine mutation. En outre, ils sont plus d’un tiers à penser changer d’emploi d’ici 2 ans (72 % chez les 18 - 24 ans). In fine, la formation professionnelle est perçue par une bonne partie des salariés comme un tremplin pour grandir au sein d’une organisation, renforcer et élargir ses compétences, mais aussi pour réussir une reconversion professionnelle.

 

Dans cet article, Rise Up vous livre une analyse du marché de la formation, ses perspectives d’avenir et ses tendances. Des tendances que les entreprises ont l’obligation de prendre en compte si elles veulent continuer à accompagner efficacement leurs collaborateurs dans leur progression.

 

Quel sera le futur de la formation professionnelle ? Anticiper les évolutions liées à la Formation pour les mois, années à venir et faire le point sur les opportunités encouragées par les nouvelles technologies et les enjeux des entreprises.

 

Comment se porte le secteur : le marché de la formation professionnelle 2023 / 2024 en chiffres  

 

La formation professionnelle continue à jouer un rôle crucial au sein des entreprises, et cette situation est appelée à durer. Depuis quelques années, des changements structurels sur le marché du travail (digitalisation, introduction de l'intelligence artificielle dans les pratiques professionnelles, prise en compte des problématiques environnementales, etc.) imposent une remise à niveau des compétences. De plus, les salariés font valoir de nouvelles attentes en termes de mobilité et de flexibilité.

 

Ce contexte conduit inévitablement au renforcement de l'apprentissage continu. Il n'est donc pas surprenant que le marché de la formation professionnelle continue à croître, aussi bien en France qu'à l'échelle internationale. Sur le plan mondial, le marché passe ains de 383 milliards de dollars en 2023 à près de 401 milliards de dollars en 2024. Les formations les plus suivies portent sur les nouvelles technologies, les soft skills, la qualité et la conformité. Les secteurs de la santé, de la banque, de la finance, de l'industrie, de l'informatique, de la vente au détail et de l'hôtellerie sont les plus représentés. (source : Research and Markets)

 

À noter : les salariés du privé représentent moins de la moitié des actifs qui suivent des formations. Les employés du secteur public (18 %), les demandeurs d'emploi (15 %) ainsi que les jeunes (24 %) complètent le public concerné par la formation professionnelle. Les formats sont diversifiés, même si le présentiel reste dominant (55% des dispositifs). La formation à distance, le digital learning et la formation hybride sont utilisés à hauteur de 16 %, 14 % et 13 % respectivement. (source : Edusign)

 

Une salarié est en train d'assister à une formation en présentiel

 

L'actualité du marché de la formation professionnelle en France

 

Le marché de la formation professionnelle en France est soutenu par l'État, dont l'investissement a fortement cru ces dernières années. L'acquisition et le développement des compétences conditionnant, plus que jamais, l'accès à l'emploi et à la réinsertion, l'apprentissage et la formation des demandeurs d'emploi apparaissent comme les premiers bénéficiaires de cet effort financier.

 

L’investissement dans l’apprentissage a progressé de 144 % en 4 ans, pour atteindre 13,9 milliards en 2022, alors que les fonds de l'État à destination de la formation des demandeurs d'emploi ont bondi de 78 %, frôlant les 10 milliards d'euros (source : Annexe au Projet de loi de finances pour 2024 - Jaune budgétaire). Par ailleurs, la loi de finances de 2024 fait état d'une augmentation de la dotation de l'État à France Compétences à hauteur de 2,5 milliards d'euros.

 

France Compétences a dans le même temps fait part de sa volonté d'investir plus de 15 milliards d'euros dans la formation professionnelle en 2024. Les 2/3 des fonds iraient à la formation en alternance, 800 millions d'euros à la formation des demandeurs d'emploi et 2,2 milliards d'euros seraient destinés au CPF (Compte personnel de formation). Ce dispositif est d'ailleurs connu de la quasi-totalité des actifs désormais (93 %) et près de la moitié d'entre eux connaissent le montant de leurs droits. Rappelons que le CPF a été introduit à la suite de la réforme de la formation de 2015. 

 

À noter également : l'intérêt pour la VAE, réformée au 1er janvier 2023 pour devenir un droit universel, accessible à tous, intéresse de plus en plus d'actifs (61 % d'entre eux selon le baromètre 2024 de Centre Inffo, soit + 3 points en un an).

 

Les formations professionnelles plébiscitées en France

 

La dynamique du marché de la formation repose sur quatre domaines d’apprentissage largement plébiscités par les actifs :

 

  • l’informatique (développement web, programmation, utilisation des outils numériques, gestion de bases de données…) ;
  • les langues étrangères, en particulier l’anglais et, dans une moindre mesure, l'allemand et l'italien ;
  • le management, notamment la gestion de projet, les méthodes agiles et les nouvelles technologies comme nouveau support du manager ;
  • le médical et le paramédical.

 

Quel est l’avenir du marché de la formation continue ?

 

Sur le plan réglementaire, un changement majeur est attendu pour 2024 : les actifs devront contribuer au financement de leurs formations lorsqu'ils utilisent leur CPF. Le montant de ce reste à charge reste à définir. Deux pistes sont étudiées : une participation des actifs se montant à 10 % minimum du prix de la formation choisie ou une contribution forfaitaire de 100 € par formation. Il est prévu que les demandeurs d'emploi restent en dehors de ce dispositif touchant le CPF et ne soient donc pas concernés par ce reste à charge. La mesure, déjà présente dans la loi de finances pour 2023, fera l'objet d’un décret précisant les modalités de mise en œuvre au cours du printemps.

 

Sur le plan pédagogique et technique, le digital apparaît toujours comme moteur dans la croissance de la formation professionnelle. Selon le baromètre 2024 du digital learning de l'ISTF, au cours des 24 derniers mois, 90 % des apprenants ont expérimenté l'e-learning, et la mission prioritaire confiée aux formateurs individuels est désormais de créer des contenus digitaux asynchrones. Au total, 86 % des professionnels de la formation déclarent souhaiter aller vers encore plus de digital. En parallèle, la formation en présentiel, modalité jugée très efficace, continue à être plébiscitée. In fine, c'est le blended learning qui tend à se démarquer, cette modalité ayant pour but d'associer les atouts du présentiel et ceux du distanciel.

 

Notons par ailleurs que la formation via le digital se voit de plus en plus impactée par l'intelligence artificielle, comme nous le verrons dans la suite de l'article. Le marché e-learning est ainsi en pleine expansion, porté par ces évolutions technologiques et pédagogiques.

 

Enfin, rappelons que les organismes de formation doivent obtenir la certification Qualiopi afin de bénéficier d'un financement des pouvoirs publics. Cette obligation est entrée en vigueur en date du 1er janvier 2022 et garantit depuis lors la qualité des actions de formation proposées au public.

 

Quelles sont les tendances de la formation professionnelle ?

 

Avant tout, il convient de souligner, une fois de plus, l’importance que la formation professionnelle revêt à l’heure actuelle chez les salariés. Le baromètre de Centre Inffo révèle que près de 90 % d’entre eux voient la formation comme une opportunité de mieux faire son métier, d’éviter la lassitude mais aussi d’évoluer et d’accéder plus facilement à des promotions.

 

Le marché de la formation professionnelle doit donc répondre à des attentes fortes de la part des collaborateurs. Pour s’y adapter, il n’a d’autre choix que de suivre l’évolution des pratiques en termes d’apprentissage mais aussi de développer des thématiques devenues cruciales au sein des organisations.

 

En d’autres termes, le domaine de la formation connaît un bouleversement majeur, avec deux tendances de fond qui se dégagent. L’une porte sur les modalités pédagogiques (formation en distanciel, apprentissage social et mobile), l’autre sur les compétences clés ciblées (compétences digitales et leadership notamment). Voyons cela en détail…

 

La montée du marché de la formation en ligne

 

E-learning et digital learning s’érigent en fers de lance du marché de la formation en ligne. Ils s’appuient sur la puissance des technologies digitales, en constante évolution. Les possibilités sont immenses, et nous en verrons quelques-unes un peu plus loin : classes virtuelles, créations de contenus immersifs grâce à la réalité virtuelle, mobile learning, gamification, apprentissage social via les outils collaboratifs…

 

Les dispositifs digitaux cumulent bien des avantages :

 

  • gain de temps grâce à l’automatisation d’une partie des tâches administratives et à la disparition de missions chronophages liées à l’organisation des sessions en présentiel ;
  • suppression de coûts importants (location de salles, frais de déplacement, de restauration et d’hébergement) ;
  • meilleure adaptation aux contraintes des apprenants, qui ont plus de liberté pour choisir le moment et le lieu où ils se forment.

 

Un groupe de collègues partagent des informations ensemble

 

L'intérêt des soft skills en entreprise

 

À l'échelle mondiale, les études montrent que les soft skills tirent la hausse du chiffre d'affaires de la formation en entreprise. Ainsi, une enquête du Forum économique mondial (The Future of Jobs Report 2023) révèle que les employeurs accordent une place croissante au développement des soft skills. Les maîtres-mots en la matière : le leadership et l'influence sociale (cités par 40 % des entreprises), la résilience, la flexibilité et l'agilité (32 % des entreprises). Les compétences comportementales et interpersonnelles sont vues comme cruciales dans un monde du travail en constante évolution et dans un quotidien professionnel émaillé de challenges. À n'en pas douter, elles sont promises à un bel avenir 

 

Des soft skills telles que l'adaptabilité, la créativité, la résistance au stress ou encore la capacité à bien gérer son temps et ses priorités sont très recherchées. Elles rassurent les recruteurs alors que les compétences techniques peuvent être jugées plus friables. En effet, le risque d'obsolescence touche un nombre croissant de hard skills, en raison des évolutions technologiques, au premier rang desquelles l'intelligence artificielle. 

 

Le but que s'assignent les professionnels des RH et de la formation : construire des dispositifs de formation agiles, en phase à la fois avec l'évolution des métiers et les besoins en matière de compétences relationnelles.

 

L'intelligence artificielle : un impact conséquent pour la formation professionnelle

 

L'arrivée de l'intelligence artificielle ouvre une nouvelle ère dans le champ de la formation professionnelle. Après la digitalisation massive des dispositifs d'apprentissage ces dernières années, le secteur entre dans une nouvelle phase avec l'adoption de l'IA générative. Les promesses sont nombreuses et concernent aussi bien les apprenants que les concepteurs de formation ainsi que les formateurs individuels. Citons notamment la personnalisation des ressources d'apprentissage, la création et la traduction automatisées de contenus de formation ou encore la transformation de données brutes en cours attrayants. La solution Rise Up intègre désormais l'IA générative à ses outils pour optimiser l'expérience apprenant et accélérer la montée en compétences.

Le baromètre 2024 du digital learning précédemment cité montre que les services formation prennent le potentiel de l'intelligence artificielle très au sérieux. Ainsi, 28 % des professionnels du secteur déclarent déjà l'utiliser et 23 % des sondés ont prévu de l'intégrer dans la conception de leurs dispositifs d'ici fin 2024. 

 

À noter également : l'intelligence artificielle devient elle-même un sujet de formation, puisque son usage gagne rapidement un nombre croissant de secteurs d'activité. Cette thématique nouvelle se décline en différents parcours d'apprentissage afin de s'adapter au niveau de maturité des apprenants sur ce thème.

 

Un boost pour l'engagement et la rétention des talents

 

L'un des défis majeurs auxquels font face les entreprises : conserver leur capital humain. La fidélisation des talents est devenue un enjeu de taille, alors que les démissions sont en hausse constante depuis 2021. Les derniers chiffres de la Dares (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), qui publie des données trimestrielles à ce sujet, font état d'une augmentation des démissions de 4,8 % au dernier trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent. Le secteur privé a ainsi enregistré 517 900 démissions de CDI en France métropolitaine. 

 

Par ailleurs, nous l'avons déjà évoqué, l'évolution rapide des métiers et l'obsolescence des compétences techniques exigent de la part de l'entreprise de former régulièrement son personnel. L'objectif est double : garantir l'épanouissement professionnel et l'engagement des salariés (deux facteurs notables de rétention des talents) et permettre à l'organisation de rester compétitive. 

 

La formation professionnelle axée sur le digital

 

Compétence incontournable pour un nombre croissant (pour ne pas dire la quasi-totalité !) des salariés : la maîtrise des outils numériques. La plupart des métiers intègrent désormais un volet digital. Boom du travail à distance, développement de l’intelligence artificielle, digitalisation des marchés : les évolutions du monde du travail vont vers toujours plus de numérique.

En conséquence, le marché de la formation professionnelle accorde une place majeur à l’apprentissage des outils digitaux : plateformes de communication, suites collaboratives, CRM, outils de stockage en ligne ou encore outils de gestion de projets.

 

Ajoutons que ces formations ne sont pas réservées aux salariés novices sur cette thématique. Les technologies digitales évoluant rapidement, il est nécessaire que tous les professionnels mettent régulièrement à jour leurs pratiques.

 

L’apprentissage social

 

Le marché de la formation s’adapte également à une autre demande, qui touche cette fois les méthodes pédagogiques : il s’agit de l’apprentissage social, ou social learning. Les individus n’apprennent plus seuls mais en réseau, la diffusion des savoirs n’a plus lieu verticalement mais horizontalement. Le partage et l’échange de connaissances, d’expertises et d’expériences sont au cœur de cette nouvelle façon d’apprendre. Le formateur individuel a bien sûr toujours son rôle mais l’axe beaucoup plus sur l’interactivité. Le but est de favoriser la collaboration entre collaborateurs afin de déboucher sur un véritable apprentissage entre pairs.

 

La formation professionnelle s’enrichit ainsi de nouvelles pratiques, qui peuvent aussi bien être mises en application en ligne, grâce aux outils collaboratifs, que lors de séances en présentiel.

 

La gamification

 

L’un des enjeux de la formation : la rendre attractive, du début à la fin. Les entreprises et organismes adaptent de ce fait leur offre de formation, en y intégrant un aspect beaucoup plus ludique.

 

Comment dynamiser l’ensemble d’un parcours de formation, booster l’engagement de l’apprenant à intervalles réguliers, avant que sa motivation ne retombe ? En ajoutant de la gamification. L’apprentissage est toujours là, mais sous un format ludique. C’est aux États-Unis qu’est né l’”Edutainment”, auquel se convertissent de nombreuses structures aujourd’hui en France.

La gamification se matérialise par des récompenses à glaner tout au long du parcours, par du storytelling, qui permet à l’apprenant de plonger dans une histoire, ou encore par des compétitions entre apprenants.

 

Le mobile learning

 

Impossible à l’heure actuelle de faire l’impasse sur le mobile learning ! Le marché de la formation s’y est converti pour répondre aux usages. Apprendre depuis son smartphone : une méthode désormais naturelle pour nombre de collaborateurs. Via les applications mobiles dédiées, il est désormais possible d’accéder à ses ressources d’apprentissage hors connexion, donc depuis n’importe quel lieu, et à n’importe quel moment.

 

La digitalisation de la formation professionnelle, dont nous avons parlé précédemment, ne peut qu’accentuer ce phénomène. Les organismes de formation développent d’ailleurs des contenus spécialement conçus pour ce type d'apprentissage, connus sous le nom de “micro-learning”. Il s’agit de formats très courts, consultables aisément sur petit écran, qu’ils soient audio, vidéo ou textuels.

 

Le mentorat

 

La transmission du savoir en entreprise peut s’appuyer également sur le mentorat. S’il est surtout utilisé lors de l’onboarding RH, ce mode d’apprentissage revêt tout autant d’intérêt dans le cadre de la formation professionnelle. Il peut également s’agir d’un mentorat inversé, qui prend la forme d’un co-apprentissage.

 

Dans la version classique du mentoring, une relation interpersonnelle est nouée entre deux collaborateurs, l’un plus expérimenté que l’autre. L’échange, le soutien et la transmission définissent les liens entre le mentor et le mentoré. S’ajoute depuis quelques années le reverse mentoring, ou mentorat inversé. Chacun est tour à tour mentor et apprenant car chacun dispose de compétences propres, utiles à l’autre.

 

Par exemple, un jeune peu expérimenté à son poste apprendra d’un collaborateur plus ancien, qui lui bénéficiera d'expertises provenant de son collègue, par exemple en matière de technologies digitales. Mentorat et mentorat inversé renvoient à l’apprentissage social que nous évoquions précédemment.

 

En conclusion, il semble clair que le marché de la formation professionnelle se trouve à un tournant. Les entreprises doivent absolument négocier ce virage avec habileté pour rester attractives et performantes.

 

Quel sera le futur de la formation professionnelle ? Anticiper les évolutions liées à la Formation pour les mois, années à venir et faire le point sur les opportunités encouragées par les nouvelles technologies et les enjeux des entreprises.